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Archives de Tag: Journée mondiale des troubles bipolaires

30 mars, journée mondiale des troubles bipolaires.

30 jeudi Mar 2017

Posted by Carole in Humeur

≈ 150 Commentaires

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Journée mondiale des troubles bipolaires, témoignage, troubles bipolaires

Bonjour,

Il n’y aura pas de recette aujourd’hui mais juste mon témoignage.

Ma mère est bipolaire. Il était temps qu’une journée soit dédiée à cette maladie car elle concerne 1 à 2% de la population. Elle touche la personne malade mais aussi son entourage. Vivre aux côtés d’une personne atteinte de troubles bipolaires est très difficile. C’est une maladie que l’on porte en soi mais qui ne se voit pas. Difficile pour les autres d’identifier la maladie.

Je souhaite témoigner pour déculpabiliser l’entourage de la personne qui est bipolaire. On a parfois des sentiments qui ne sont pas bienveillants. C’est difficile de se dire que le comportement d’une personne est dû à sa maladie et non pas à sa simple volonté. Je ne veux en rien accabler ma mère.

Elle a toujours été perçue comme une personne bizarre, particulière, pénible, difficile à vivre alors qu’elle était simplement malade. Les termes qui revenaient le plus souvent c’est qu’elle était « chiante » et une « emmerdeuse née » (pardon pour ces mots si vulgaires).

J’ai toujours ressenti ma mère différente des autres mamans, même enfant. Parfois elle me faisait peur. Mais à qui en parler ? Je crois même que j’aurais bien eu trop honte d’aborder ce problème. Je n’ai jamais pu me confier à elle car j’avais peur de sa réaction. Je n’ai jamais pu lui laisser mes enfants car je n’avais pas confiance en elle. Ses changements d’humeur étaient  si imprévisibles.

Ma mère pouvait avoir des périodes où elle allait bien, trop bien même et ensuite tomber dans une grave dépression. Elle s’est coupée progressivement de toutes les personnes qui lui étaient proches. Elle a fait le vide autour d’elle. Elle était capable de décourager toutes les personnes qui pouvaient avoir de l’amitié ou de l’amour pour elle. Sa maladie pouvait la rendre tellement détestable que les gens finissaient par la fuir ou l’abandonner.

Cette maladie l’a conduite aussi à prendre de nombreux prêts à la consommation. Elle avait peur de manquer d’argent. Elle ne se rendait pas compte qu’il y avait des intérêts, elle ne voyait que l’argent qu’elle pouvait avoir sur son compte, pas les remboursements.

Elle a toujours souffert d’insomnie, avait peur du jugement des autres. Son quotidien était terrible.

Il n’y a que dans le travail qu’elle arrivait à donner l’illusion que tout allait bien. Elle n’avait pas trop le choix, il fallait bien qu’elle élève trois enfants, seule.

Notre vie était rythmée par les variations de son humeur.

Je me rappellerais toujours de certains samedis. Lorsqu’on rentrait de l’école vers midi, en approchant de la maison, on pouvait sentir les bonnes odeurs de cuisine. Elle était capable de nous préparer des pommes de terre et des légumes farcis, un poulet fermier rôti, des frites et de la bavette qu’elle faisait cuire sur le grill. Tous les copains nous enviaient. Elle avait nettoyé la maison de fond en comble, changé nos draps. On avait de quoi manger pendant 3 jours. Ensuite on allait balader dans la Clape, faire des courses.

Par contre, ces périodes là ne duraient pas.

Ma mère pouvait aussi rentrer du travail complètement lessivée par sa journée. Elle se couchait et il ne fallait pas faire de bruits. Et dans ces cas là, elle disait toujours que les carottes sont cuites. Si vous changez quelques lettres, cela signifie, je veux mourir. Alors quand tu as 8 ans, tu te culpabilises quand même un peu. Je me rappelle que je me disais qu’il fallait que je sois plus gentille, meilleure à l’école car j’avais quand même très peur des carottes qui sont cuites. Dans ces périodes là, je prenais en charge les repas. Au début c’était assez sommaire. J’allais chez le boucher prendre de la charcuterie ou alors j’allais acheter des viennoiseries. A la maison parfois le soir on petit déjeunait. Elle tenait grâce au Temesta. Elle en avait des boites entières d’avance.

On n’était pas malheureux, c’était normal de vivre ainsi. Il y avait des périodes de grandes exaltations et puis des périodes plus sombres où il ne fallait pas trop se faire remarquer.

Dès que j’ai pu partir de la maison, je suis partie sans me retourner. Après tout, mon père, les amis, la famille, tous avaient fui ! C’était tellement plus simple de se dire que ma mère était vraiment pénible plutôt que de chercher pourquoi elle était ainsi. Il y avait bien des signes mais je ne préférais pas les interpréter. Ma mère me surprenait. Une fois j’ai le souvenir de lui avoir téléphoné en rentrant du travail vers 19 heures. Elle s’était emportée car elle croyait que je la réveillais à 7 heures du matin. Elle prenait tellement de médicaments qu’elle avait régulièrement des accidents en voiture, elle perdait le contrôle.

Se retrouver seule à emmener ma mère à ne prendre plus soin d’elle ni de sa maison. Elle pouvait passer des jours entiers sans se laver et ne pas faire l’entretien de la maison. Lorsqu’on était à ses côtés elle ne pouvait pas se laisser autant aller mais quand on est seul, c’est tellement plus facile. Elle perdait la notion du temps et ne se rendait pas compte qu’elle pouvait passer plusieurs jours couchée.

C’est lorsque ma mère a fait une tentative de suicide à 50 ans que sa maladie a été diagnostiquée et qu’elle a commencé à recevoir un traitement adapté.

Ce ne l’a pas empêché d’enchaîner d’autres tentatives de suicide. A chaque fois, une personne a pu la trouver à temps. C’est terrible le regard des soignants lorsque j’allais la retrouver aux Urgences. Mais au lien d’avoir de la compassion je criais, je m’emportais. C’est difficile de voir sa mère ainsi. Elle faisait des séjours dans des maisons de repos adaptées mais sa mutuelle ne lui permettait pas d’y rester trop longtemps, malheureusement.

On a trouvé un bon psychiatre. Elle a pu enfin parlé de son mal de vivre, de ses dettes, de son envie de mourir. Il m’a déculpabilisé sur les sentiments (pas toujours très aimants) que je pouvais avoir à l’égard de ma mère. J’ai enfin découvert ce qu’était cette maladie et ses conséquences.

J’ai vu un juge, je suis devenu la tutrice de ma mère car elle était incapable de se gérer au quotidien et au niveau financier. On a vendu sa voiture. Ma grande peur c’est que lorsqu’elle fait une tentative de suicide elle tue d’autres personnes. Elle a failli faire sauter tout un quartier lors d’une tentative au gaz. Les pompiers n’étaient pas contents, du tout !

Depuis 6 ans elle va bien. Elle a un traitement approprié. Mon époux m’a aidé à rembourser ses crédits à la consommation. Je surveille ses dépenses. Elle me dit qu’elle n’a jamais été aussi bien, tant mieux.

Je n’aime pas l’idée de gérer ma mère. Mes enfants connaissent sa maladie. C’est difficile de se dire que ce que ma mère nous a fait vivre était dû à sa maladie et non pas à son caractère. C’est dur de ne pas lui en vouloir.

Si vous croisez, travaillez, vivez avec une personne atteinte de troubles bipolaires, sachez que c’est une personne malade. Prenez le temps de l’écouter, de l’aimer, de l’accompagner, de la soutenir. C’est tellement difficile pour elle de vivre au quotidien que ce n’est pas la peine de l’accabler par votre jugement. Je n’ai pas été capable pendant bien longtemps de mettre en pratique les conseils que je vous donne. Une chose est certaine, c’est que si ma mère avait eu une personne qui l’accompagne dans sa vie, elle ne serait pas allée si loin dans sa maladie.

J’ai commencé à cuisiner car il fallait bien s’y mettre quand elle n’allait pas bien. Cuisiner est rapidement devenu un plaisir alors merci maman, ce blog existe aussi grâce à toi.

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